DROIT DE L’ENVIRONNEMENT ET DROITS DE LA NATURE
Différences entre Droit de l’environnement et Droits de la Nature
On pourrait de prime abord tenir ces concepts pour synonymes. Pourtant, s’ils partagent l’objectif commun de protéger les écosystèmes, le Droit de l’environnement et les Droits de la Nature diffèrent en bien des aspects. Ils se distinguent notamment par leur source primaire, leur approche du monde, leur ambition ou encore leur finalité.
Droit de l’environnement : une protection au service de l’Homme
En pleine expansion depuis les années 1970, le Droit de l’environnement charrie une vision anthropocentrée du monde autour de laquelle il s’est construit. Parce que seul être doué de raison, l’Homme est au centre de la vie et unique sujet organique de droits. Sous son prisme, les autres entités naturelles sont considérées comme ses objets, ressources dont il peut librement disposer afin d’accélérer la croissance économique. Le pacte commun sur lequel il repose est le contrat social, liant uniquement les hommes entre eux et excluant ainsi le monde naturel.
Ceci étant, du fait des dégradations environnementales grandissantes, le Droit de l’environnement fait progressivement sa mue. En France par exemple, le préjudice écologique est inscrit dans le code civil depuis 2016. Le principe de précaution a quant à lui davantage ouvert le Droit vers l’avenir via son inscription dans la Charte de l’environnement en 2004. Malgré ces avancées, l’approche de la responsabilité vise essentiellement à répondre à une faute passée. Par ailleurs, en cherchant à préserver la nature à des fins exclusivement humaines, et non pour sa valeur intrinsèque, ce champ juridique demeure un calque protecteur limité, adossé à un système économique responsable de l’érosion écologique mondiale.
La véritable sagesse consiste à ne pas s’écarter de la nature mais à mouler notre conduite sur ses lois et son modèle.
Droits de la Nature : un cadre juridique et de gouvernance pour l’ensemble du Vivant
Emergeant progressivement à échelle mondiale depuis les années 2000, les Droits de la Nature envisagent les entités du monde naturel et les écosystèmes comme sujets de droits, protégés au titre de leur valeur intrinsèque reconnue. L’Homme compte parmi ces organismes qui dans leur ensemble forment la Communauté de la Terre. En ce sens, leur pacte commun prend les traits d’un contrat naturel ne séparant pas l’Homme de la Nature mais l’incluant en son sein dans une logique d’interdépendance.
Dans cette optique, au-delà de la protection juridique robuste qu’ils constituent, les Droits de la Nature portent également en eux, et c’est là une différence notoire avec le Droit de l’Environnement, un projet de nouvelle gouvernance inspirée de la Jurisprudence de la Terre. Cette théorie juridique entend adapter les systèmes humains de gouvernance légaux, politiques, économiques et sociaux aux lois fondamentales régissant les fonctions de l’univers et de la nature. L’enjeu est de bâtir un système davantage biocentré dont les règles profitent mutuellement à l’ensemble de la communauté de la Terre et plus uniquement à l’être humain. En somme un système de « gouvernement du peuple, par le peuple, pour la Terre ».