RECONNAISSONS LES DROITS DE LA NATURE
Issus de diverses influences légales, culturelles, spirituelles et philosophiques telles que la Jurisprudence de la Terre, les Droits de la Nature sont un champ juridique nouveau qui reconnaît les écosystèmes et entités du Vivant comme sujets de droits et membres de la communauté interdépendante de la vie : la Communauté de la Terre. Ils émergent à mesure que les défis écologiques s’accroissent grâce aux efforts de juristes, avocats, juges et de la société civile. Leur reconnaissance à échelles internationale et locale porte une double promesse. Celle d’une préservation plus efficace des écosystèmes devant les tribunaux et de la mise en place, via l’élaboration d’un Droit de la Terre, d’un cadre de gouvernance symbiotique repositionnant l’Homme non plus comme souverain mais en tant que composante du Vivant.
Un champ juridique nouveau pour changer de paradigme
Au cours des siècles passés, le Droit a façonné de nombreuses sociétés de manière anthropocentrée en organisant un rapport de l’Homme à la Nature appropriatif et utilitariste. Cette hégémonie humaine sur l’ensemble du Vivant est à l’origine de l’érosion de la biosphère qui se manifeste au XXIe siècle par une accélération du changement climatique et un repli massif de la biodiversité.
Reconnaître à la Nature et ses composantes leurs droits intangibles, au titre de leur valeur intrinsèque, est un enjeu qui dépasse celui d’une meilleure protection du Vivant. Il s’agit de jeter les bases éthiques et juridiques d’un système davantage biocentré favorisant la vie et l’immuable régénération des écosystèmes. Cette nouvelle organisation induit un renversement philosophique du rôle de l’être humain au sein de la communauté de la vie. De souverain, il en devient un membre accompagnateur. Ce changement de paradigme est désormais vital car du bien-être des écosystèmes dépendent l’existence et la survie de l’Homme sur Terre. En ce sens, le respect des Droits de la Nature constitue la condition préalable à l’effectivité des Droits de l’Homme.
En 50 ans d’histoire, le droit de l’environnement a échoué à stopper la dégradation de la planète (…). Pour surmonter ces défauts, une simple réforme ne suffit pas. Nous n’avons pas besoin de plus de lois, mais de lois différentes (…). L’approche écologique (ndlr : et non environnementale) du droit est basée sur l’écocentrisme, le holisme et la justice intra/intergénérationnelle et interspécifique. Dans cette perspective, la loi reconnaîtra les interdépendances écologiques et ne favorisera plus les humains par rapport à la nature.