L’ESSENTIEL DES DROITS DE LA NATURE
Reconnaître à la Nature ses Droits
Les Droits de la Nature, ou Droits de la Terre, sont un ensemble de règles et principes visant à protéger les entités de la biosphère telles qu’une rivière ou une montagne en les reconnaissant comme personnes ou êtres vivants dotés de droits propres au titre de leur valeur intrinsèque. A la manière d’une entreprise ou d’une association, leur intégrité est juridiquement protégée et elles peuvent se défendre en justice en cas de violation via un tuteur ou un représentant compétent officiellement nommé. Les Droits de la Nature associent ainsi une approche biocentrique, issue notamment de la vision des peuples autochtones, à des mécanismes juridiques occidentaux.
Une dizaine de droits fondamentaux
Droit à la vie, au respect, à la régénération ou à l’absence de pollution, la liste des principaux droits de la nature est restreinte et précise.
Une reconnaissance grandissante
A l’instar des Etats-Unis, de l’Equateur ou encore de la Nouvelle-Zélande, les droits de la nature sont reconnus dans un nombre croissant de pays à travers le monde.
Une protection écosystémique
La protection des droits de la nature s’opère via reconnaissance légale ou juridictionnelle à l’échelle d’un écosystème ou d’une espèce et non individuelle.
Le socle d’une Gouvernance de la Terre
Par-delà leur fonction de protection des écosystèmes, les Droits de la Nature constituent la base d’une nouvelle forme de gouvernance.
Les juristes devraient imaginer la possibilité de reconnaître la Nature en tant que personne juridique titulaire de droits propres comme le concept le plus innovant et inspirant pour préserver la planète et l’Humanité
La Jurisprudence de la Terre comme source
Comptant parmi les bases idéologiques des Droits de la Nature, la Jurisprudence de la Terre est une philosophie juridique élaborée par Thomas Berry. Elle appréhende la Terre comme la source des lois naturelles régissant la vie. Cette doctrine estime que l’anthropocentrisme autour duquel nos sociétés gravitent est à l’origine de l’érosion écologique actuelle. Embrassant une vision systémique issue notamment de la sagesse et de la spiritualité des peuples autochtones, la Jurisprudence de la Terre considère que l’Homme appartient à une communauté globale du Vivant peuplée d’un vaste nombre d’autres composantes duquel son bien-être dépend.
A rebours de la pensée juridique environnementale moderne qui aspire à protéger les écosystèmes à des fins exclusivement humaines, cette philosophie offre un nouveau cadre de gouvernance globale pourvoyeur de règles permettant à chaque entité du Vivant de jouer son rôle au profit du bien-être de la Communauté entière. Les Droits de la Nature procèdent ainsi de cette philosophie qui peut se résumer à travers l’idée de Berry selon laquelle « l’univers est le législateur primaire ».
Les grands principes des Droits de la Nature
Dépassant les limites d’un Droit de l’environnement anthropocentré, les Droits de la Nature ont vocation à créer un nouveau cadre juridique et systémique inspiré de la Jurisprudence la Terre. Ces nouveaux droits reposent sur plusieurs principes matriciels :
Valeur intrinsèque : chaque entité de la biosphère joue un rôle dans le fonctionnement et la régénération des écosystèmes. Pour cette raison, toute composante naturelle dispose d’une valeur intrinsèque, qui doit être reconnue et respectée, indépendamment de son utilité pour l’Homme.
Interdépendance : d’une infinie diversité, les entités du vivant participent toutes à leur niveau à la vitalité des écosystèmes qui leur fournissent en retour les éléments nécessaires à leur bien-être. Ce faisant, l’existence de chaque membre de la communauté naturelle est interdépendante de celles de l’ensemble.
Biocentrisme : aux antipodes de l’anthropocentrisme qui fait de l’être humain le souverain des écosystèmes perçus comme sa propriété, la pensée biocentriste envisage l’ensemble des entités du Vivant en tant que composantes égales d’un même tout, la communauté de la vie. L’Homme y est appréhendé comme un membre de cet ensemble, à la vitalité duquel il doit contribuer positivement.