DROITS DE L’HOMME ET DROITS DE LA NATURE

Les Droits de la Nature comme condition préalable aux Droits de l’Homme

A mesure que les pressions et défis écologiques s’accroissent et se combinent, les dirigeants de nos sociétés répètent à rythme croissant la dépendance de l’Humanité et des Droits de l’Homme à l’existence d’un environnement favorable. Progressiste, cette approche demeure anthropocentrée en ce qu’elle tend à se traduire actuellement par une reconnaissance universelle d’un Droit de l’Homme à un environnement sain. En somme, un droit au service des seuls intérêts humains, méconnaissant la valeur intrinsèque et les droits des autres entités du Vivant.

Or au vu de l’ampleur et de l’urgence des enjeux socio-environnementaux, il est nécessaire de dépasser ce paradigme suranné. Parce qu’il n’y a pas de santé, de sécurité et de bien-être humains dans un monde où les écosystèmes et communautés naturelles n’ont la capacité, et donc le droit préalable, de vivre, prospérer et de jouer leur rôle écosystémique, il ne saurait y avoir de Droits de l’Homme sans Droits de la Nature. Autrement dit, les droits de la Terre constituent la condition fondamentale préalable à l’effectivité des droits humains et des générations futures. « Pour garantir les droits humains il est nécessaire de reconnaître et de défendre les droits de la Terre Mère et de tous les êtres vivants qui la composent » souligne ainsi le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de la Nature.

La santé du Vivant, socle du bien-être humain

Au gré des siècles, l’Homme a exploité les ressources naturelles considérées comme ses biens en vue de satisfaire ses besoins exclusifs. Et ce, sans se soucier du caractère limité desdites ressources.

Or l’entrée de l’Humanité dans l’ère de l’Anthropocène l’exhorte à prendre conscience que le système Terre, en tant qu’organisme vivant, a lui aussi des besoins qui doivent être respectés et satisfaits avant les siens. La prise en compte des besoins de la Terre valide l’idée de droits des écosystèmes à vivre et prospérer.

Les Droits de la Nature englobent les Droits de l’Homme et de l’Humanité

La Nature et sa protection sont historiquement absentes des grands textes et de la vision des Droits de l’Homme, à l’instar de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ces droits concernent exclusivement la protection de l’être humain. Parallèlement à l’élaboration du droit de l’environnement, les droits humains s’étoffent progressivement du droit de l’Homme à un environnement sain qui induit de façon indirecte la préservation de la Nature. Apparus récemment, les Droits de l’Humanité proposent quant à eux une approche plus large en prenant en compte la solidarité intergénérationnelle et les droits des « autres espèces ». Ils demeurent pourtant anthropocentrés en ce qu’ils omettent la valeur des autres entités naturelles et visent à garantir le seul bien-être humain.

Plus ambitieux et innovant outil de protection de l’environnement, les Droits de la Nature embrassent à la fois les droits humains et ceux de l’Humanité. En reconnaissant les communautés naturelles, dont humaines, et écosystèmes en tant que sujets de droits, ils garantissent à chacun le droit de vivre, d’évoluer, d’être protégé et de prospérer dans un cadre symbiotique.

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